De la forteresse au logis
Les premières traces historiques du château remontent au Moyen-Age. A l’emplacement du château actuel il y a une forteresse, appelée le Jauget, dépendant du système défensif de la baronnie de Preuilly. Au milieu du 15ème siècle. La seigneurie du Jauget appartient à Guillaume Martin, écuyer, seigneur des Augis et de Jauget. Au début du 16ème siècle, elle est aux mains de la famille Chateigner puis le Jauget passe par héritage à la famille Ancelon.
Au début du 17ème siècle, le château est acheté par Martin Martineau, baron de Thuré. Il a déjà acheté, en 1612, à René de Menou (le père de Charles de Menou qui sera gouverneur de l’Acadie), le château situé dans le bourg de Charnizay. On suppose qu’alors le château est formé d’un corps de logis avec deux tours.
Le siècle des menou
En 1661, Armand-François de Menou (neveu de René de Menou) achète les terres de Charnizay et de Jauget.
En 1713, André, fils cadet d’Armand-François, hérite du château et des terres de Charnizay (le château de Menou, dans la Nièvre, fief historique des Menou, est donné au fils aîné). André de Menou fait agrandir le château. D’après un plan de 1773, le château comprend alors deux nouveaux bâtiments se faisant face et perpendiculaires à l’ancien, des allées cavalières dans le parc (qu’on peut encore parcourir au 21ème siècle !) et un jardin dans la pente à l’ouest du château.
Charlotte-Françoise de Menou, fille d’André, meurt en 1802 sans enfant, ses héritiers, cousins éloignés, vendent le château au citoyen Philippe-Claude Arthuys.
En 1811, Philippe-Claude Arthuys, président de la cour d’appel d’Orléans, obtient de l’empereur que la terre de Charnizay soit élevée en majorat avec le titre de baron, titre qu’il transmettra à son fils aîné, Philippe-Amable. Durant quarante ans, Messieurs Arthuys pères et fils, ont considérablement agrandi le domaine du château par l’acquisition de terres et bâtiments.
L'âge d'or des Montesquiou
En 1844 le château est acheté par Pauline de Montesquiou née Duroux, femme de Thierry, comte de Montesquiou-Fezensac.
C’est le comte de Montesquiou qui va donner au château sa physionomie actuelle. Nous le savons par les très nombreuses photographies qu’il prend, tout comme son fils Robert, au château. On y voit la famille de Montesquiou ou les domestiques.
Ils font probablement construire la chapelle, adossée au château, vraisemblablement à la demande de Pauline. Les Montesquiou ne vivent que quelques mois par an à Charnizay mais les liens entre la famille et le village sont très nombreux.
Les deuils vont marquer la vie du comte Thierry : La comtesse Pauline, de santé fragile, décède en 1864 (Robert de Montesquiou, le cadet n’a que 9 ans). Puis il perd ses trois aînés et élève seul sa petite fille Aude. En 1904, à sa mort, Aude hérite du château. Elle y habite quelques années avec son mari, le comte François de Pange, puis le met en vente.
Un dandy à Charnizay
Dernier des quatre enfants de Thierry et Pauline, Robert de Montesquiou (1855-1921) est un poète, homme de lettres, critique d’art et de littérature, collectionneur, mécène.
Il est l’un des protagonistes les plus en vue du Paris de la Belle Epoque, soutien de l’avant garde, ami (entre autre) de Proust et de Sarah Bernhardt. Esprit subtil, homme très cultivé, à l’humour caustique, il écrit d’une plume vive, habile et volontiers cynique, « égratigneur à la griffe d’acier ».
En vrai dandy, Robert de Montesquiou fait montre d’un apparat vestimentaire d’un raffinement extrême. Collectionneur d’objets d’art, il les met en scène et se fait remarquer par son goût pour la décoration de ses intérieurs. Il se met lui-même en scène dans de savoureuses photographies prises notamment au château de Charnizay avec son ami Gabriel de Yturri et sa belle sœur Pauline de Sinety qu’il apprécie et nomme dans ses écrits « Passiflora ».
En 1881, à la mort de Marguerite Loiseau, domestique de ses parents, qui l’a élevé, il fait édifier une tombe pour elle et pour sa fille Marie décédée 7 ans plus tôt au cimetière de Charnizay. La tombe est toujours visible.
LES PROPRIÉTAIRES DU XXème SIÈCLE
Durant le 20ème siècle, le château change huit fois de propriétaire.
Parmi eux beaucoup ont laissé des traces au château et dans la mémoire des Charnizéens.
- Léon et Augustine Thomas de 1909 à 1920,
- Philip et Mabel Noble (Anglais) de 1920 à 1933,
- Albert et Marie Remy de 1934 à 1940,
- La famille Tuin (Hollandais) de 1953 à 1962,
- La famille Knight de 1962 à 2019.
Et maintenant
Tombés sous le charme du château et de son environnement, nous avons décidé de lui donner un nouvel avenir.